Aller au contenu

Page:Claudine a l'Ecole.pdf/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
claudine à l’école

— Je ne dirai rien, lâchez-moi. Je rentrerai tout de suite dans la classe.

Je lui lâche le bras, et nous rentrons sans rien dire. Le bruit de la ruche tombe brusquement. Ma victime, au bureau, nous ordonne brièvement de transcrire au net les problèmes. Anaïs me demande tout bas : « Est-ce qu’elle est montée le dire ? »

— Non, je lui ai fait de modestes excuses. Tu comprends, je ne voudrais pas pousser trop loin une blague pareille.

Mlle Sergent ne revient pas. Sa petite adjointe garde jusqu’à la fin de la classe sa figure fermée et ses yeux durs. À dix heures et demie on songe déjà à la sortie proche ; je prends quelques petites braises dans le poêle pour les fourrer dans mes sabots, excellent moyen de les chauffer, défendu formellement, cela va de soi ; mais Mlle Lanthenay songe bien à la braise et aux sabots ! Elle rumine sourdement sa colère, et ses yeux dorés sont deux topazes froides. Ça m’est bien égal. Et même ça m’enchante.

Qu’est-ce que c’est que ça ? Nous dressons l’oreille : des cris, une voix d’homme qui injurie, mêlée à une autre voix qui cherche à la dominer… des maçons qui se battent ? Je ne crois pas, je flaire autre chose. La petite Aimée est debout, toute pâle, elle aussi sent venir autre chose. Soudain Mlle Sergent se jette dans la classe, le cramoisi de ses joues s’est enfui :