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claudine à l’école

— Mesdemoiselles, sortez tout de suite, il n’est pas l’heure, mais ça ne fait rien. Sortez, sortez, ne vous mettez pas en rang, entendez-vous, allez-vous en !

— Qu’est-ce qu’il y a ? crie Mlle Lanthenay !

— Rien, rien,… mais faites-les donc sortir et ne bougez pas d’ici, il faut plutôt fermer la porte à clef… Vous n’êtes pas encore parties, petites emplâtres !

Il n’y a plus de ménagements à garder, décidément. Plutôt que de quitter l’École en un pareil moment je me laisserais écorcher ! Je sors dans la bousculade des camarades abasourdies. Dehors, on entend clairement la voix qui vocifère. Bon Dieu ! c’est Armand, plus livide qu’un noyé, les yeux creux et égarés, tout verdi de mousse, avec des brindilles dans les cheveux — il a couché dans le bois, sûr… Fou de rage, après cette nuit passée à remâcher sa douleur, il veut se ruer dans la classe, hurlant, les poings tendus ; Rabastens le retient à pleins bras et roule des yeux effarés. Quelle affaire ! Quelle affaire !

Marie Belhomme se sauve, terrifiée, la seconde division derrière elle ; Luce disparaît et j’ai le temps de surprendre son méchant petit sourire ; les Jaubert ont couru à la porte de la cour sans tourner la tête. Je ne vois pas Anaïs, mais je jurerais que, blottie dans un coin, elle ne perd rien du spectacle !

Le premier mot que j’entends distinctement