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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/149

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claudine à l’école

C’est trop fort ! L’étrange petite créature, qui n’a ni cœur ni cervelle, qui vit sans mémoire, sans remords et qui recommencera à enjôler un sous-maître, à batifoler avec le délégué cantonal, jusqu’à ce que ça casse encore une fois, et qui vivra contente avec cette femme jalouse et violente qui se détraque, elle, dans ces aventures. J’entends à peine Anaïs m’informer que Rabastens est toujours ici et qu’il demande souvent de mes nouvelles. Je l’avais oublié, ce pauvre gros Antonin !

On sonne, mais c’est dans la nouvelle école que nous rentrons maintenant, et l’édifice du milieu, qui relie les deux ailes, est bientôt achevé.

Mlle Sergent s’installe au bureau, tout luisant. Adieu les vieilles tables branlantes, tailladées, incommodes ; nous nous asseyons devant de belles tables inclinées, munies de bancs à dossier, de pupitres à charnières ; et l’on n’est plus que deux sur chaque banc : au lieu de la grande Anaïs, j’ai maintenant pour voisine… la petite Luce Lanthenay. Heureusement les tables sont extrêmement rapprochées et Anaïs se trouve près de moi sur une table parallèle à la mienne, de sorte que nous pourrons bavarder ensemble aussi commodément que jadis ; on a logé Marie Belhomme à côté d’elle ; car Mlle Sergent a placé intentionnellement deux « dégourdies » (Anaïs et moi), à côté de deux « engourdies » (Luce et Marie), pour que nous les secouions un peu. Sûr, que nous les secouerons ! Moi du moins, car je sens bouillir en moi des in-