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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/152

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claudine à l’école

autour de moi. La Directrice, toujours la même, garde son air de passion concentrée et de bravoure jalouse. Son Aimée, qui dicte nonchalamment des problèmes dans l’autre classe, rôde et se rapproche tout en parlant. Tout de même, elle n’avait pas cette allure assurée et coquette de chatte gâtée, l’autre hiver ! Elle est maintenant le petit animal adoré, choyé, et qui devient tyrannique, car je surprends des regards de Mlle Sergent, l’implorant de trouver un prétexte pour venir près d’elle, et auxquels l’écervelée répond par des mouvements de tête capricieux et des yeux amusés qui disent non. La rousse, décidément devenue son esclave, n’y tient plus et va la trouver en demandant très haut : « Mlle Lanthenay, vous n’avez pas chez vous le registre des présences ? » Ça y est, elle est partie ; elles jacassent tout bas. Je profite de cette solitude où on nous laisse pour interviewer rudement la petite Luce.

— Ah ! ah ! laisse un peu ce cahier et réponds-moi. Y a-t-il un dortoir, là-haut ?

— Bien sûr, nous y couchons maintenant, les pensionnaires et moi.

— C’est bien, tu es une cruche ?

— Pourquoi ?

— Ça ne te regarde pas. Vous prenez toujours des leçons de chant le jeudi et le dimanche ?

— Oh ! on a essayé d’en prendre une sans vous… sans toi, je veux dire, mais ça n’allait pas du tout ; Monsieur Rabastens ne sait pas nous apprendre.