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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/153

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claudine à l’école

— Bien. Le peloteur est-il venu, pendant que j’étais malade ?

— Qui ça ?

— Dutertre.

— Je ne me rappelle plus… Si, il est venu une fois, mais pas dans les classes, et il n’est resté que quelques minutes à causer dans la cour avec ma sœur et Mademoiselle Sergent.

— Elle est gentille avec toi, la rousse ?

Ses yeux obliques noircissent :

— Non… elle me dit que je n’ai pas d’intelligence, que je suis paresseuse… que ma sœur a donc pris toute l’intelligence de la famille, comme elle en a pris la beauté… D’ailleurs, ça a toujours été la même chanson partout où j’étais avec Aimée ; on ne faisait attention qu’à elle, et moi on me rebutait…

Luce est près de pleurer, furieuse contre cette sœur plus « gente », comme on dit ici, qui la relègue et l’efface. Je ne la crois pas, du reste, meilleure qu’Aimée ; plus craintive et plus sauvage seulement, parce qu’habituée à rester seule et silencieuse.

— Pauvre gosse ! Tu as laissé des amies, là-bas où tu étais ?

— Non, je n’avais pas d’amies ; elles étaient trop brutales et riaient de moi.

— Trop brutales ? Alors, ça t’embête, quand je te bats, quand je te bouscule ?

Elle rit sans lever les yeux :