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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/159

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claudine à l’école

pée à écrire, en belle ronde, le titre d’un registre de présences, quand sa rousse l’interpelle de loin :

Mlle Lanthenay !

Qu’est-ce que tu veux ? crie étourdiment Aimée.

Silence de stupeur. Nous nous regardons toutes : la grande Anaïs commence à se serrer les côtes pour rire davantage ; les deux Jaubert penchent la tête sur leur couture ; les pensionnaires se donnent des coups de coude, sournoisement ; Marie Belhomme éclate d’un rire comprimé qui sonne en éternuement ; et moi, devant la figure consternée d’Aimée, je m’exclame tout haut :

— Ah ! elle est bien bonne !

La petite Luce rit à peine ; on voit qu’elle a déjà dû entendre de pareils tutoiements ; mais elle considère sa sœur avec des yeux narquois.

Mlle Aimée se retourne furieuse sur moi :

— Il peut arriver à tout le monde de se tromper, Mlle Claudine ! Et je fais mes excuses de mon inadvertance à Mlle Sergent.

Mais celle-ci, remise de sa secousse, sent bien que nous ne gobons pas l’explication, et hausse les épaules en signe de découragement devant la gaffe irrémédiable. Cela finit gaiement l’ennuyeuse leçon de couture. J’avais besoin de cet incident folâtre.

Après la sortie, à quatre heures, au lieu de m’en aller, j’oublie astucieusement un cahier et