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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/160

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claudine à l’école

je reviens. Car je sais qu’à l’heure du balayage les pensionnaires montent de l’eau à tour de rôle dans leur dortoir ; je ne le connais pas encore, je veux le visiter, et Luce m’a dit : « Aujourd’hui, je suis d’eau ». À pas de chat, je grimpe là-haut, portant un broc plein en cas de rencontre fâcheuse. Le dortoir est blanc de murs et de plafond, meublé de huit lits blancs ; Luce me montre le sien, mais je m’en moque pas mal, de son lit ! Je vais tout de suite aux fenêtres qui, effectivement, permettent de voir dans le dortoir des garçons. Deux ou trois grands de quatorze à quinze ans y rôdent et regardent de notre côté ; sitôt qu’il nous ont aperçues, ils rient, font des gestes et désignent leurs lits. Tas de vauriens ! Avec ça qu’ils sont tentants ! Luce effarouchée, ou feignant de l’être, ferme la fenêtre précipitamment, mais je pense bien que le soir, à l’heure du coucher, elle affiche moins de bégueulerie. Le neuvième lit, au bout du dortoir est placé sous une sorte de dais qui l’enveloppe de rideaux blancs.

— Ça, m’explique Luce, c’est le lit de la surveillante. Les sous-maîtresses de semaine doivent se relayer pour coucher tour à tour dans notre dortoir.

— Ah ! Alors, c’est tantôt ta sœur Aimée, tantôt Mlle Griset ?

— Dame… ça devrait être ainsi… mais jusqu’à présent, c’est toujours Mlle Griset,… je ne sais pas pourquoi.