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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/161

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claudine à l’école

— Ah ! tu ne sais pas pourquoi ? Tartufe !

Je lui donne une bourrade dans l’épaule ; elle se plaint, sans conviction. Pauvre Mlle Griset !

Luce continue à me mettre au courant :

— Le soir, Claudine, tu ne peux pas te figurer comme on s’amuse quand on se couche. On rit, on court en chemise, on se bat à coups de traversins. Il y en a qui se cachent derrière les rideaux pour se déshabiller parce qu’elles disent que ça les gêne ; la plus vieille, Rose Raguenot, se lave si mal que son linge est gris au bout de trois jours qu’elle le porte. Hier, elles m’ont caché ma robe de nuit, et j’ai failli rester toute nue dans le cabinet de toilette, heureusement Mlle Griset est arrivée ! Et puis on se moque d’une, tellement grasse qu’elle est obligée de se poudrer d’amidon un peu partout pour ne pas se couper. Et Poisson, que j’oubliais, qui met un bonnet de nuit qui la fait ressembler à une vieille femme, et qui ne veut se déshabiller qu’après nous dans le cabinet de toilette. Ah ! on rit bien, va !

Le cabinet de toilette est sommairement meublé d’une grande table recouverte de zinc sur laquelle s’alignent huit cuvettes, huit savons, huit paires de serviettes, huit éponges, tous les objets pareils, le linge matriculé à l’encre indélébile. C’est proprement tenu.

Je demande :

— Est—ce que vous prenez des bains ?

— Oui, et c’est encore quelque chose de drôle,