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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/166

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claudine à l’école

soyez contente, j’ai eu tant de peine !… Mais j’ai vu qu’elle ne tenait pas à moi, à qui tient-elle ? J’ai vu aussi qu’elle ne valait réellement pas cher : ça m’a suffi. J’ai pensé que je ferais assez de bêtises sans commettre celle de vouloir l’emporter sur vous. Voilà. Maintenant tout ce que je désire, c’est qu’elle ne devienne pas trop la petite souveraine de cette École, et qu’elle ne tourmente pas exagérément cette petite, sa sœur qui, au fond, ne vaut pas mieux qu’elle, ni moins, je vous assure… Je ne raconte rien chez nous jamais, de ce que je peux voir ici ; je ne reviendrai plus après les vacances, et je me présenterai au brevet parce que papa se figure qu’il y tient, et qu’Anaïs serait trop contente si je ne passais pas l’examen. Vous pouvez me laisser tranquille jusque-là, je ne vous tourmente guère maintenant…

Je pourrais parler longtemps, je crois, elle ne m’écoute plus. Je ne lui disputerai pas sa petite, c’est tout ce qu’elle a entendu ; elle regarde en dedans, suit une idée, et se réveille pour me dire, subitement redevenue Directrice, au sortir de cette causerie sur pied d’égalité :

— Allez vite dans la cour, Claudine, il est huit heures passées, il faut vous mettre en rang.

— Qu’est-ce que tu causais si longtemps là dedans avec Mademoiselle ? me demande la grande Anaïs. Tu es donc bien avec elle, maintenant ?

— Une paire d’amies, ma chère !

En classe, la petite Luce se serre contre moi,