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claudine à l’école

tons… » La mauvaise Aimée lui rit au nez ; la Directrice répond en haussant les épaules : « Vous montrerez ce qu’il vous demandera, mais si vous croyez qu’il s’occupera des cahiers de vos gamines ! » Et la triste ahurie rentre dans sa classe où ses petits animaux font un vacarme terrible, car elle n’a pas pour vingt-cinq centimes d’autorité !

Nous sommes prêtes, ou peu s’en faut. Mlle Sergent s’écrie : « Vite, prenez vos morceaux choisis ! Anaïs, crachez immédiatement le crayon à ardoise que vous avez dans la bouche ! Ma parole d’honneur, je vous mets à la porte devant Monsieur Blanchot si vous mangez encore de ces horreurs-là ! Claudine, vous ne pourriez pas cesser un instant de pincer Luce Lanthenay ? Marie Belhomme, quittez tout de suite les trois fichus que vous avez sur la tête et au cou ; et quittez aussi l’air bête qui est sur votre figure. Vous êtes pire que les petites de la troisième classe et ne valez pas chacune la corde pour vous pendre ! »

Il faut bien qu’elle dépense son énervement. Les visites de l’inspecteur la tracassent toujours, parce que ce Blanchot est en bons termes avec le député, qui déteste à mort son remplaçant possible, Dutertre, lequel protège Mlle Sergent. (Dieu, que la vie est compliquée !) Enfin, tout se trouve à peu près en ordre ; la grande Anaïs se lève, inquiétante de longueur, la bouche encore sale du crayon gris qu’elle croquait, et commence la Robe du pleurard Manuel :