Aller au contenu

Page:Claudine a l'Ecole.pdf/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
claudine à l’école

côté de moi ; elle l’ouvre, y dépose les papiers scandaleux, pliés en quatre, frotte une allumette et met le feu, puis referme la petite porte. En se redressant, elle dit à la coupable :

— Mes compliments, Anaïs, vous en savez plus long que bien des grandes personnes. Je vous garde ici jusqu’à l’examen, parce que vous êtes inscrite, mais je vais déclarer à vos parents que je me décharge de toute responsabilité à votre égard. Copiez vos problèmes, Mesdemoiselles, et ne vous occupez pas davantage de cette personne qui ne le mérite pas.

Incapable de supporter le tourment d’entendre brûler la littérature d’Anaïs, j’ai pris, pendant que la Directrice s’énonçait majestueusement, la règle plate qui me sert pour le dessin ; je l’ai passée sous ma table, et, au risque de me faire pincer, je m’en suis servie pour pousser la petite poignée qui fait mouvoir la rosace de tirage. On n’a rien vu ; peut-être que la flamme, ainsi étouffée, ne brûlera pas tout ; je le saurai après la classe. J’écoute : le poêle tait son ronflement au bout de quelques secondes. Est-ce qu’onze heures ne vont pas bientôt sonner ? Comme je pense peu à ce que je copie, aux « deux pièces de toile qui, après lessivage, se rétrécissent de 1/19 dans leur longueur et de 1/22 de leur largeur », elles pourraient rétrécir encore bien davantage sans m’intéresser !

Mlle Sergent nous quitte et se rend dans la classe d’Aimée, sans doute pour lui raconter la