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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/190

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claudine à l’école

— Tu es malade ?

— Non, je ne crois pas. C’est le temps, la flemme.

— Viens ici, qu’on te voie.

Ça va recommencer, ces prétextes médicaux à examens prolongés ? La Directrice me lance des regards enflammés d’indignation, pour la façon dont je me tiens, dont je parle à son chéri de délégué cantonal. Non, je vais me gêner ! D’ailleurs, il adore ces façons malséantes. Je me traîne paresseusement à la fenêtre.

— On n’y voit pas, ici, à cause de cette ombre verte des arbres. Viens dans le corridor, il y fait du soleil. Tu as une piètre mine, mon petit.

(Triple extrait de mensonge ! J’ai bonne mine, je me connais ; si c’est à cause des yeux battus qu’il me croit malade, il se trompe, c’est bon signe, je me porte bien quand j’ai du bistre autour des yeux. Heureusement qu’il est trois heures de l’après-midi, sans cela je ne serais pas plus rassurée qu’il ne faut, d’aller, même dans le couloir vitré, seule avec cet individu dont je me défie comme du feu).

Quand il a refermé la porte derrière nous, je me retourne sur lui et je lui dis :

— Mais non, voyons, je n’ai pas l’air malade ; pourquoi dites-vous ça ?

— Non ? Et ces yeux battus jusqu’aux lèvres ?

— Eh bien, c’est la couleur de ma peau, voilà.

Il s’est assis sur le banc et me tient debout devant lui contre ses genoux.