— Tais-toi, tu dis des bêtises. Pourquoi as-tu toujours l’air fâché contre moi ?
— … ?
— Si, tu me comprends bien. Tu as une frimousse, tu sais, qui vous trotte dans la tête quand on l’a vue !
(Je ris stupidement. Ô Père Eternel, envoyez-moi de l’esprit, des reparties fines, car je m’en sens terriblement dénuée !)
— Est-ce vrai que tu vas te promener toujours seule dans les bois ?
— Oui, c’est vrai. Pourquoi ?
— Parce que, coquine, tu vas trouver un amoureux, peut-être ? Tu es si bien surveillée !
Je hausse les épaules :
— Vous connaissez aussi bien que moi tous les gens d’ici ; me voyez-vous un amoureux dedans ?
— C’est vrai. Mais tu aurais assez de vice…
Il me serre les bras, il fait briller ses yeux et ses dents. Quelle chaleur ici ! J’aimerais mieux qu’il me laissât rentrer.
— Si tu es mal portante, que ne viens-tu me consulter, chez moi ?
Je réponds trop vite « Non ! je n’irai pas… » et je cherche à dégager mes bras, mais il me tient solidement, et lève vers moi des yeux ardents et méchants, — beaux aussi, c’est vrai.
— Ô petite, petite charmante, pourquoi as-tu peur ? Tu as si tort d’avoir peur de moi ! Crois tu que je sois un goujat ? Tu n’aurais rien à crain-