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claudine à l’école

nous leur jouons d’horribles farces ; il leur arrive des malheurs imprévus et bizarres ; on en a vu tomber dans les cabinets, on en a vu prendre feu au poêle, l’hiver ; on en a vu sur qui les encriers se renversaient avec une rare prédilection ; ils attirent la foudre, quoi ! Et toutes les avanies qui surviennent aux tristes « Livres de la commune » sont le sujet de longues lamentations de Mlle Lanthenay et de terribles semonces de Mlle Sergent.

Dieu, que les femmes sont bêtes ! (Les petites filles, la femme, c’est tout un.) Croirait-on que depuis les « coupables tentatives » de cet enragé coureur de Dutertre sur ma personne, j’éprouve comme qui dirait une vague fierté ? Bien humiliante pour moi, cette constatation. Mais je sais pourquoi ; au fond, je me dis : « Puisque celui-là, qui a connu des tas de femmes, à Paris et partout, me trouve plaisante, c’est donc que je ne suis pas très laide ! » Voilà. C’est plaisir de vanité. Je me doutais bien que je ne suis pas repoussante, mais j’aime à en être sûre. Et puis, je suis contente d’avoir un secret que la grande Anaïs, Marie Belhomme, Luce Lanthenay et les autres ne soupçonnent pas.

La classe est bien dressée, maintenant. Toutes les gosses, jusqu’à la troisième division incluse, savent qu’il ne faut jamais pénétrer pendant la récréation dans une classe où les institutrices se sont enfermées. Dame, l’éducation ne s’est pas