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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/197

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claudine à l’école

Ma Claudine chérie,

Je t’aime beaucoup, tu as l’air toujours de n’en rien savoir, et j’en dépéris de chagrin. Tu es bonne et méchante avec moi, tu ne veux pas me prendre au sérieux, tu es pour moi comme pour un petit chien ; j’en ai une peine que tu ne peux pas te figurer. Vois pourtant comme on pourrait être contentes toutes les deux, regarde ma sœur Aimée avec Mademoiselle, elles sont si heureuses qu’elles ne pensent plus à rien. Je te prie, si tu n’es pas fâchée de cette lettre, de ne rien me dire demain matin à l’école, je serais trop embarrassée sur le moment. Je saurai bien, rien que par la manière que tu auras de me parler dans la journée, si tu veux ou si tu ne veux pas être ma grande amie.

Je t’embrasse de tout mon cœur, ma Claudine chérie, et je compte aussi sur toi pour brûler cette lettre, car je sais que tu ne voudrais pas la montrer pour me faire arriver des ennuis, ce n’est pas ton habitude. Je t’embrasse encore bien tendrement et j’attends d’être à demain avec tant d’impatience !

Ta petite Luce.

Ma foi non, je ne veux pas ! Si ça me disait, ce serait avec quelqu’un de plus fort et de plus intelligent que moi, qui me meurtrirait un peu, à qui j’obéirais, et non pas avec cette petite bête vicieuse