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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/198

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claudine à l’école

qui n’est peut-être pas sans charme, griffante et miaulante rien que pour une caresse, mais trop inférieure. Je n’aime pas les gens que je domine. Sa lettre, gentille et sans malice, je l’ai déchirée tout de suite et j’en ai mis les morceaux dans une enveloppe pour les lui rendre.

Le lendemain matin, je vois une petite figure soucieuse qui m’attend, collée aux vitres. Cette pauvre Luce, ses yeux verts sont pâlis d’anxiété ! Tant pis, je ne peux pourtant pas, rien que pour lui faire plaisir…

J’entre ; elle est, par chance, toute seule.

— Tiens, petite Luce, voici les morceaux de ta lettre, je ne l’ai pas gardée longtemps, tu vois.

Elle ne répond rien et prend machinalement l’enveloppe.

— Toquée ! Aussi, qu’allais-tu faire dans cette galère, — je veux dire dans cette galerie du premier étage, — derrière les serrures de l’appartement de Mlle Sergent ? Voilà où ça te mène ! Seulement, moi, je ne peux rien pour toi.

— Oh ! fait-elle, atterrée.

— Mais oui, mon pauvre petit. C’est pas par vertu, tu penses bien ; ma vertu, elle est encore trop petite, je ne la sors pas. Mais, vois-tu, c’est que, dans ma verte jeunesse, un grand amour m’a incendiée : j’ai adoré un homme qui est décédé en me faisant jurer à son lit de mort de ne jamais…

Elle m’interrompt en gémissant :