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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/209

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claudine à l’école

Et dire que ce soir je serai enfermée, enfermée ! Tout ce qui ressemble à un emprisonnement me rend enragée ; je perds la tête, sitôt qu’on m’enferme. (On n’a jamais pu me mettre en pension, gamine, parce que des pâmoisons de rage me prenaient à sentir qu’on me défendait de franchir la porte. On a essayé deux fois ; j’avais neuf ans ; les deux fois, dès le premier soir, j’ai couru aux fenêtres comme un oiseau stupide, j’ai crié, mordu, griffé, je suis tombée suffoquée. Il a fallu me remettre en liberté, et je n’ai pu « durer » que dans cette invraisemblable école de Montigny, parce que là, au moins, je ne me sentais pas « prise », et je couchais dans mon lit, chez nous.)

Certes, je ne le montrerai pas aux autres, mais je suis malade d’agacement et d’humiliation. Je ne quémanderai pas mon pardon ; elle serait trop contente, la mauvaise Rousse ! Si elle voulait seulement me laisser la clef en dedans ! Mais je ne le lui demanderai pas non plus, je ne veux pas ! Puisse la nuit être courte…

Avant dîner, Mlle Sergent nous mène promener le long de la rivière ; la petite Luce, tout apitoyée, veut me consoler de ma punition :

— Écoute, si tu lui demandais de te laisser descendre, elle voudrait bien, tu lui demanderais ça gentiment…

— Allons donc ! J’aimerais mieux être enfermée à triple tour pendant huit mois, huit jours, huit heures, huit mi…