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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/215

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claudine à l’école

Le matin, on nous réveille à cinq heures et demie ; nous nous levons engourdies ; je me noie dans l’eau froide pour me secouer un peu. Pendant que je barbote, Luce et la grande Anaïs viennent emprunter mon savon parfumé, quêter un tire-bouton, etc. Marie me prie de lui commencer son chignon. Toutes ces petites, peu vêtues et ensommeillées, c’est amusant à voir.

Échange de vues sur les précautions ingénieuses à prendre contre les examinateurs : Anaïs a copié toutes les dates d’histoire dont elle n’est pas certaine sur le coin de son mouchoir (il me faudrait une nappe, à moi !) Marie Belhomme a confectionné un minuscule atlas qui tient dans le creux de sa main ; Luce a écrit sur ses manchettes blanches des dates, des lambeaux de règnes, des théorèmes d’arithmétique, tout un manuel ; les sœurs Jaubert ont également consigné une foule de renseignements sur des bandes de papier minces qu’elles roulent dans le tuyau de leurs porte-plumes. Toutes s’inquiètent beaucoup des examinateurs eux-mêmes ; j’entends Luce dire : « En arithmétique, c’est Lerouge qui interroge ; en sciences physiques et en chimie c’est Roubaud, une rosse à ce qu’il paraît ; en littérature, c’est le père Sallé. » J’interromps :

— Quel Sallé ? l’ancien principal du collège ?

— Oui, celui-là.

— Quelle chance !

Je suis ravie d’être interrogée par ce vieux