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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/218

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claudine à l’école

maison, solennels et muets. À leur suite, nous franchissons l’escalier avec un bruit d’escadron, soixante et quelques que nous sommes, mais, dès le premier étage, on nous arrête au seuil d’une salle d’études délaissée : il faut laisser ces messieurs s’installer. Ils s’asseyent à une grande table, s’épongent et délibèrent. Sur quoi ! l’utilité de nous laisser entrer ? Mais non, je suis sûre qu’ils échangent des considérations sur la température et causent de leurs petites affaires, pendant qu’on nous contient difficilement sur le palier et sur l’escalier où nous débordons.

Au premier rang, je puis considérer ces sommités : un long grisonnant, l’air doux et grand papa — le bon père Sallé, tordu et goutteux, avec ses mains comme des sarments ; — un gros court, le cou serré dans une cravate aux teintes chatoyantes, à l’instar de Rabastens lui-même, c’est Roubaud, le terrible, qui nous interrogera demain en « sciences ».

Enfin, ils se sont décidés à nous dire d’entrer. Nous emplissons cette vieille salle laide, aux murs de plâtre indiciblement sales, couturés d’inscriptions et de noms d’élèves ; les tables sont affreuses aussi, tailladées, noires et violettes d’encriers renversés autrefois. C’est honteux de nous interner dans un pareil taudis !

Un de ces messieurs procède à notre placement ; il tient à la main une grande liste et mêle soigneusement toutes les écoles, séparant le plus