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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/217

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claudine à l’école

Une petite porte sans loquet bâille sur un corridor noir percé, à l’extrémité, d’une baie lumineuse. Pendant que Mlle Sergent échange de froides politesses avec ses collègues, je m’insinue doucement dans le couloir : au bout, c’est une porte vitrée — ou qui le fut, du moins — je lève le loquet rouillé, et je me trouve dans une petite courette carrée, près d’un hangar. Là, des jasmins ont poussé à l’abandon, et des clématites, avec un petit prunier sauvage, des herbes libres et charmantes ; c’est vert, silencieux, au bout du monde. Par terre, trouvaille admirable, des fraises ont mûri et embaument…

Appelons les autres pour leur montrer ces merveilles ! Je rentre dans la cour sans attirer l’attention, et j’apprends à mes camarades l’existence de ce verger inconnu. Après des regards craintifs vers Mlle Sergent qui cause avec une institutrice mûre, vers la porte qui ne s’ouvre toujours pas sur les examinateurs (ils font la grasse matinée, ces gens-là), Marie Belhomme, Luce Lanthenay et la grande Anaïs se décident, les Jaubert s’abstiennent. Nous mangeons les fraises, nous ravageons les clématites, nous secouons le prunier, quand, à un brouhaha plus haut dans la cour d’entrée, nous devinons l’arrivée de nos tourmenteurs.

À toutes jambes, nous repassons le couloir ; nous arrivons à temps pour voir une file de messieurs noirs, pas beaux, pénétrer dans la vieille