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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/220

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claudine à l’école

tout ça va devenir des institutrices, qu’elles peineront de sept heures du matin à cinq heures du soir, et trembleront devant une Directrice, la plupart du temps malveillante, pour gagner 75 francs par mois ! Sur ces soixante gamines, quarante-cinq sont filles de paysans ou d’ouvriers ; pour ne pas travailler dans la terre ou dans la toile, elles ont préféré jaunir leur peau, creuser leur poitrine et déformer leur épaule droite : elles s’apprêtent bravement à passer trois ans dans une École Normale (lever à 5 heures, coucher à 8 heures 1/2, deux heures de récréation sur vingt-quatre), et s’y ruiner l’estomac, qui résiste rarement à trois ans de réfectoire. Mais au moins elles porteront un chapeau, ne coudront pas les vêtements des autres, ne garderont pas les bêtes, ne tireront pas les seaux du puits, et mépriseront leurs parents ; elles n’en demandent pas davantage. Et qu’est-ce que je fais ici, moi, Claudine ? Je suis ici parce que je n’ai pas autre chose à faire, parce que papa, pendant que je subis les interrogations de ces professeurs, peut tripoter en paix ses limaces ; j’y suis aussi « pour l’honneur de l’École », pour lui obtenir un brevet de plus, de la gloire de plus, à cette École unique, invraisemblable et délicieuse…

Ils ont fourré des participes, tendu des embûches de pluriels équivoques, dans cette dictée qui arrive à n’avoir plus aucun sens, tant ils en ont