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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/221

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claudine à l’école

tortillé et hérissé toutes les phrases. C’est enfantin !

— Un point, c’est tout. Je relis.

Je crois bien ne pas avoir de fautes ; je n’ai qu’à veiller aux accents, car ils vous comptent des demi-fautes, des quarts de faute, pour des velléités d’accents qui traînent mal à propos au dessus des mots. Pendant que je relis, une petite boule de papier, lancée avec une adresse extrême, tombe sur ma feuille ; je la déroule dans le creux de ma main, c’est la grande Anaïs qui m’écrit :

« Faut-il un S à trouvés, dans la seconde phrase ? » Elle ne doute de rien, cette Anaïs ! Lui mentirai-je ? Non, je dédaigne les moyens dont elle se sert familièrement. Relevant la tête, je lui adresse un imperceptible « oui », et elle corrige, paisiblement.

— Vous avez cinq minutes pour relire, annonce la voix de Roubaud ; l’épreuve d’écriture suivra.

Seconde boulette de papier, plus grosse. Je regarde autour de moi : elle vient de Luce, dont les yeux anxieux épient les miens. Mais, mais, elle demande quatre mots ! Si je renvoie la boulette, je sens qu’on la pincera ; une inspiration me vient, tout bonnement géniale : sur la serviette de cuir noir qui contient les crayons et les fusains, (les candidates doivent tout fournir elles-mêmes) j’écris, un petit morceau de plâtre détaché du mur me servant de craie, les quatre mots qui inquiètent Luce, puis je lève brusquement la serviette