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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/222

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claudine à l’école

au-dessus de ma tête, le côté vierge tourné vers les examinateurs qui, d’ailleurs, s’occupent assez peu de nous. La figure de Luce s’illumine, elle corrige rapidement ; ma voisine en deuil, qui a suivi la scène, m’adresse la parole :

— Vrai, vous n’avez pas peur, vous !

— Pas trop, comme vous voyez. Faut bien s’entr’aider un peu.

— Ma foi… Oui. Mais je n’oserais pas. Vous vous appelez Claudine, n’est-ce pas ?

— Oui, comment le savez-vous ?

— Oh ! il y a longtemps qu’on nous « cause » de vous. Je suis de l’école de Villeneuve ; nos maîtresses disaient de vous : « C’est une jeune fille intelligente, mais hardie comme un page et dont il ne faut imiter ni les manières de garçon, ni la coiffure. Cependant, si elle veut s’en donner la peine, ce sera une concurrente redoutable pour l’examen. » À Bellevue aussi on vous connaît, on dit que vous êtes un peu folle, et passablement excentrique…

— Elles sont gentilles vos institutrices ! Mais elles s’occupent de moi plus que je ne m’occupe d’elles. Dites-leur donc qu’elles ne sont qu’un tas de vieilles filles enragées de monter en graine, n’est-ce pas, dites-leur ça de ma part !

Scandalisée, elle se tait. D’ailleurs, Roubaud promène entre les tables son petit ventre rondelet et recueille nos copies qu’il porte à ses congénères. Puis il nous distribue d’autres feuilles pour