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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/242

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claudine à l’école

c’est pourtant vrai qu’il n’y a pas de réverbère ! Devant cette porte fermée, une foule d’ombres s’agitent, crient, sautent de joie ou se lamentent, ce sont nos concurrentes des autres écoles ; de brusques et courses flambées d’allumettes, tôt éteintes, des flammes vacillantes de bougies éclairent une grande feuille blanche piquée sur la porte. Nous nous précipitons, déchaînées, poussant brutalement des coudes les petites silhouettes remuantes ; on ne fait guère attention à nous.

Tenant la bougie volée aussi droite que je peux, je lis, je devine, guidée par les initiales en ordre alphabétique : « Anaïs, Belhomme, Claudine, Jaubert, Jaubert, Lanthenay. » Toutes, toutes ! Quelle joie ! Et maintenant, vérifions le nombre des points. C’est 45 le minimum des points exigés ; le total est écrit à côté des noms, les notes détaillées entre deux parenthèses. Mlle Sergent, ravie, transcrit sur son calepin : « Anaïs 65, Claudine 68, combien les Jaubert ? 63 et 64, Luce 49, Marie Belhomme 44 1/2. Comment 44 1/2 ? Mais vous n’êtes pas reçue alors ? Qu’est-ce que vous me chantez là ?

— Non, Mademoiselle, dit Luce, qui vient d’aller vérifier, c’est 44 3/4 ; elle est admise, avec une faute d’un quart, c’est une bonté de ces messieurs…

La pauvre Marie, tout essoufflée de la peur chaude qu’elle vient d’avoir, respire longuement. Ils ont bien fait, ces gens-là, de lui passer son quart de point, mais j’ai peur qu’elle ne bafouille à l’oral. Anaïs, la première joie passée, éclaire