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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/249

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claudine à l’école

qu’à des ahuries. Parlez-moi de Louis XV (1742).

— Voici. C’était le temps où Mme de la Tournelle exerçait sur lui une influence déplorable…

— Sacrebleu ! on ne vous demande pas ça !

— Pardon, Monsieur, ce n’est pas de mon invention, c’est la vérité simple. Les meilleurs historiens…

— Quoi ? les meilleurs historiens…

— Oui, Monsieur, je l’ai lu dans Michelet, avec des détails !

— Michelet ! mais c’est de la folie ! Michelet, entendez-vous bien, a fait un roman historique en vingt volumes et il a osé appeler ça l’Histoire de France ! Et vous venez me parler de Michelet !…

Il est emballé, il tape sur la table ; je lui tiens tête ; les jeunes candidates sont figées autour de nous, n’en croyant pas leurs oreilles ; Mlle Sergent s’est approchée, haletante, prête à intervenir. Quand elle m’entend déclarer :

— Michelet est toujours moins embêtant que Duruy !…

Elle se jette contre la table et proteste avec angoisse :

— Monsieur, je vous prie de pardonner… cette enfant a perdu la tête… elle va se retirer à l’instant…

Il lui coupe la parole, s’éponge le front et souffle :

— Laissez, Mademoiselle, il n’y a pas de mal : je tiens à mes opinions, mais j’aime bien que les autres tiennent aux leurs ; cette jeune fille a des