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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/254

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claudine à l’école

… Luce me voit partie, complètement absente, et me tire par la manche avec son sourire le plus aguicheur. Mademoiselle lit des journaux ; mes camarades échangent des bouts de phrase ensommeillés. Je geins et Luce proteste doucement :

— Tu ne me parles plus jamais, aussi ! Toute la journée on passe les examens, le soir on se couche, et à table tu es de si mauvaise humeur que je ne sais plus quand te trouver !

— Bien simple ! Ne me cherche pas !

— Oh ! que tu n’es pas gentille ! Tu ne vois même pas toute ma patience à t’attendre, à supporter tes façons de toujours me rebuter…

La grande Anaïs rit comme une porte mal graissée, et la petite s’arrête très intimidée. C’est vrai pourtant qu’elle a une patience solide. Et dire que tant de constance ne lui servira à rien, triste ! triste !

Anaïs suit son idée ; elle n’a pas oublié les incohérentes réponses de Marie Belhomme, et, bonne rosse, demande gentiment à la malheureuse, hébétée et immobile :

— Quelle question t’a-t-on posée, en physique et chimie ?

— Ça n’a pas d’importance, grogne Mademoiselle, hargneuse ; de toutes façons elle aura répondu des bêtises.

— Je ne sais plus, moi, fait la pauvre Marie démontée, l’acide sulfurique, je crois…