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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/277

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claudine à l’école

l’auteur ressort, en belle ronde. Le long des murs s’alignent des tabourets au point de croix où repose soit l’horrible chat dont les yeux sont faits de quatre points verts, un noir au milieu, soit le chien, à dos rouge et à pattes violâtres, qui laisse pendre une langue couleur d’andrinople.

Bien entendu, la lingerie, plus que tout le reste, intéresse les gars, qui viennent visiter l’exposition comme tout le monde ; ils s’attardent aux chemises fleuries, aux pantalons enrubannés, se poussent de l’épaule, rient et chuchotent des choses énormes.

Il est juste de dire que l’École des garçons possède aussi son exposition, rivale de la nôtre. S’ils n’offrent pas à l’admiration des lingeries excitantes, ils montrent d’autres merveilles : des pieds de table habilement tournés, des colonnes torses, (ma chère ! c’est le plus difficile), des assemblages de menuiserie en « queue d’aronde, » des cartonnages ruisselants de colle, et surtout des moulages en terre glaise — joie de l’instituteur, qui baptise cette salle « Section de sculpture, » modestement — des moulages, dis-je, qui ont la prétention de reproduire des frises du Parthénon et autres bas-reliefs, noyés, empâtés, piteux. La Section de dessin n’est pas plus consolante : les têtes des Brigands des Abruzzes louchent, le Roi de Rome a une fluxion, Néron grimace horriblement, et le président Loubet dans un cadre tricolore, menuiserie et cartonnage combinés, a envie de vomir (c’est qu’il songe à son ministère, explique Dutertre,