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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/278

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claudine à l’école

toujours enragé de n’être pas député). Aux murs, des lavis mal lavés, des plans d’architecture et la « vue générale anticipée (sic) de l’Exposition de 1900, » aquarelle qui mérite le prix d’honneur.

Et pendant le temps qui nous sépare encore des vacances, on laissera au rancart tous les livres, on travaillera mollement dans l’ombre des murs, en se lavant les mains toutes les heures — prétexte à rôderie — pour ne pas tacher de moiteur les laines claires et les linges blancs ; j’expose seulement trois chemises de linon, roses, forme bébé, avec les pantalons pareils, fermés, détail qui scandalise mes camarades, unanimes à trouver cela « inconvenant, » parole d’honneur !

Je m’installe entre Luce et Anaïs, voisine elle-même de Marie Belhomme, car nous nous tenons, par habitude, en un petit groupe. Pauvre Marie ! Il lui faut retravailler pour l’examen d’octobre… Comme elle s’ennuyait à périr dans la classe vide, Mademoiselle la laisse par pitié venir avec nous ; elle lit dans des Atlas, dans des Histoires de France quand je dis qu’elle lit… son livre est ouvert sur ses genoux, elle penche la tête et glisse des regards vers nous, tendant l’oreille à ce que nous disons. Je prévois le résultat de l’examen d’octobre !

— Je sèche de soif ! As-tu ta bouteille ? me demande Anaïs.

— Non, pas pensé à l’apporter, mais Marie doit avoir la sienne.