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claudine à l’école

75 francs par mois — desquels il faut retrancher trente francs, sa pension (qu’elle ne paie pas) autant pour celle de sa sœur (qu’elle économise) et vingt francs qu’elle envoie à ses parents, je le sais par Luce — ce n’est pas avec ces appointements, je dis, qu’elle paierait la gentille robe de mohair blanc dont j’ai vu l’échantillon.

Parmi les élèves, c’est très bien porté de ne point paraître s’occuper de sa toilette de distribution. Toutes y réfléchissent un mois à l’avance, tourmentent les mamans pour obtenir des rubans, des dentelles, ou seulement des modifications qui moderniseront la robe de l’an passé, — mais il est de bon goût de n’en rien dire ; on se demande avec une curiosité détachée, comme par politesse : « Comment sera ta robe ? » Et on semble à peine écouter la réponse, faite sur le même ton négligent et dédaigneux.

La grande Anaïs m’a posé la question d’usage, les yeux ailleurs, la figure distraite. Le regard perdu, la voix indifférente, j’ai expliqué : « Oh ! rien d’étonnant… de la mousseline blanche… le corsage en fichu croisé ouvert en pointe… et les manches Louis XV avec un sabot de mousseline arrêtées au coude… C’est tout. »

Nous sommes toutes en blanc pour la distribution ; mais les robes sont ornées de rubans clairs, choux, nœuds, ceintures, dont la nuance, que nous tenons à changer tous les ans, nous préoccupe beaucoup.