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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/282

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claudine à l’école

mais courte — et puis, avec lui, on sait si bien que ça ne tire pas à conséquence ! Je suis peut-être la trois centième petite fille qu’il tente d’attirer chez lui ; l’incident n’a d’intérêt ni pour lui ni pour moi. Ça en aurait si le coup avait réussi, voilà tout.

Déjà nous songeons beaucoup aux toilettes de la distribution des prix. Mademoiselle se fait broder une robe de soie noire par sa mère, fine travailleuse qui exécute dessus, au plumetis, de grands bouquets, des guirlandes minces qui suivent le bas de la jupe, des branches qui grimpent sur le corsage, tout cela en soies violettes nuancées, passées, — quelque chose de très distingué, un peu « dame âgée » peut-être, mais de coupe impeccable ; toujours sombrement et simplement vêtue, le chic de ses jupes éclipse toutes les notairesses, receveuses, commerçantes et rentières d’ici ! C’est sa petite vengeance de femme laide et bien faite.

Mlle Sergent s’occupe aussi d’habiller gentiment sa petite Aimée pour ce grand jour. On a fait venir des échantillons du Louvre, du Bon Marché, et les deux amies choisissent ensemble, absorbées, devant nous, dans la cour où nous travaillons à l’ombre. Je pense que voilà une robe qui ne coûtera pas cher à Mlle Aimée ; de vrai, elle aurait bien tort d’agir autrement, ce n’est pas avec ses