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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/285

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claudine à l’école

des rubans très jolis, en glacé vert et blanc… ta robe est blanche ?

— Oui, en mousseline.

— Bon ! Maintenant, tourmente ta sœur pour qu’elle t’achète les rubans verts.

— Pas besoin, c’est moi qui les achète.

— C’est encore mieux. Tu verras que tu seras gentille ; il n’y en aura pas trois qui oseront risquer des rubans verts, c’est trop difficile à porter.

Cette pauvre gosse ! Pour la moindre amabilité que je lui dis, sans le faire exprès, elle s’illumine…

Mlle Sergent, à qui l’exposition proche inspire des inquiétudes, nous bouscule, nous presse ; les punitions pleuvent, punitions qui consistent à faire après la classe vingt centimètres de dentelle, un mètre d’ourlet ou vingt rangs de tricot. Elle travaille aussi, elle, à une paire de splendides rideaux de mousseline qu’elle brode fort joliment, quand son Aimée lui en laisse le temps. Cette gentille fainéante d’adjointe, paresseuse comme une chatte qu’elle est, soupire et s’étire pour cinquante points de tapisserie, devant toutes les élèves, et Mademoiselle lui dit, sans oser la gronder que « c’est un exemple déplorable pour nous ». Là-dessus l’insubordonnée jette son ouvrage en l’air, regarde son amie avec des yeux scintillants, et se jette sur elle pour lui mordiller les mains. Les grandes sourient et se poussent du coude, les petites ne sourcillent pas.