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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/286

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claudine à l’école

Un grand papier, estampillé de la Préfecture, timbré de la mairie, trouvé par Mademoiselle dans la boîte aux lettres, a troublé singulièrement cette matinée, fraîche par hasard ; toutes les têtes travaillent, et toutes les langues. La Directrice ouvre le pli, le lit, le relit et ne dit rien. Sa toquée de petite compagne, impatientée de ne rien savoir, jette dessus des pattes vives et exigeantes et pousse des « Ah ! » et des « Ça va en faire des embarras ! » si forts que, violemment intriguées, nous palpitons.

— Oui, lui dit Mademoiselle, j’étais avertie, mais j’attendais la feuille officielle ; c’est un des amis du docteur Dutertre…

— Mais ce n’est pas tout ça, il faut le dire aux élèves, puisqu’on va pavoiser, puisqu’on va illuminer, puisqu’il y aura un banquet… Regardez les donc, elles cuisent d’impatience !

Si nous cuisons !…

— Oui, il faut leur annoncer. Mesdemoiselles, tâchez de m’écouter et de comprendre ! Le ministre de l’Agriculture, M. Jean Dupuy, viendra au chef-lieu à l’occasion du prochain comice agricole, et en profitera pour inaugurer les Écoles neuves ; la ville sera pavoisée, illuminée, il y aura réception à la gare… et puis vous m’ennuyez, vous saurez bien tout ça puisque le tambour de ville le criera, tâchez seulement d’apletter plus que ça, que vos ouvrages soient prêts !

Un silence profond. Et puis nous éclatons ! Des