Aller au contenu

Page:Claudine a l'Ecole.pdf/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
claudine à l’école

dulée. Rien d’étrange à cela, certes, quoiques ces tire-bouchons raides et ces torsions excessives donnent plutôt aux cheveux l’aspect de balais irrités ; mais les mamans de toutes ces petites filles, couturières, jardinières, femmes d’ouvriers et boutiquières, n’ont pas le temps, ni l’envie, ni l’adresse de papilloter toutes ces têtes. Devinez à qui revient ce travail, parfois peu ragoûtant ? Aux institutrices et aux élèves de la première classe ! Oui, c’est fou, mais quoi, c’est l’habitude, et ce mot-là répond à tout. Une semaine avant les distributions de prix, des petites nous harcèlent et s’inscrivent sur nos listes. Cinq ou six pour chacune de nous, au moins ! Et pour une tête propre aux jolis cheveux souples, combien de tignasses grasses — sinon habitées !

Aujourd’hui nous commençons à papilloter ces gamines de huit à onze ans ; accroupies à nos pieds sur des petits bancs, ou par terre, elles nous abandonnent leurs têtes, et, comme bigoudis, nous employons des feuilles de nos vieux cahiers. Cette année, je n’ai voulu accepter que quatre victimes, et choisies dans les propres encore ; chacune des autres grandes frise six petites ! Besogne peu facile, car les filles de ce pays possèdent presque toutes des crinières abondamment fournies. À midi, nous appelons le troupeau docile ; je commence par une blondinette aux cheveux légers qui bouclent mollement, de façon naturelle.