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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/300

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claudine à l’école

— Comment ? qu’est-ce que tu viens faire ici ? avec des cheveux comme ça, tu veux que je te les frise ? C’est un massacre !

— Tiens ! mais bien sûr que je veux qu’on me frise ! Pas frisée, un jour de Prix, un jour de Ministre ? On n’aurait jamais vu ça !

— Tu seras laide comme quatorze péchés capitaux ! Tu auras des cheveux raides, une tête de loup.

— Ça m’est égal, je serai frisée, au moins.

Puisqu’elle y tient ! Et dire que toutes pensent comme celle-ci ! Je parie que Marie Belhomme elle-même…

— Dis donc, Marie, toi qui tirebouchonnes naturellement, je pense bien que tu restes comme tu es ?

Elle en crie d’indignation :

— Moi ? Rester comme ça ? Tu n’y songes pas ! J’arriverais à la distribution avec une tête plate !

— Mais moi, je ne me frise pas.

— Toi, ma chère, tu « boucles » assez serré, et puis tes cheveux font le nuage assez facilement… et puis on sait que tes idées ne sont jamais pareilles à celles des autres.

En parlant, elle roule avec animation — avec trop d’animation, — les longues mèches couleur de blé mûr de la fillette assise devant elle et ensevelie dans sa chevelure, — une broussaille d’où sortent parfois des gémissements pointus.