Aller au contenu

Page:Claudine a l'Ecole.pdf/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
CLAUDINE À L’ÉCOLE

— Quoi, chut ? Au contraire, il faut appeler ! Hé, là-bas, Monsieur ! Jardinier !

Pas de réponse, silence toujours. Je m’avance contre les serres, et, le nez collé aux vitres, je cherche à deviner l’intérieur ; une espèce de forêt d’émeraude sombre, piquée de taches éclatantes, des fleurs exotiques, sûrement.

La porte est fermée.

— Allons-nous en, chuchote Luce mal à l’aise.

— Allons-nous en, répète Marie plus troublée encore. Si le vieux sortait de derrière un arbre !

Cette idée les fait s’enfuir vers la porte, je les rappelle de toute ma force.

— Que vous êtes cruches ! Vous voyez bien qu’il n’y a personne. Écoutez-moi : vous allez choisir chacune deux ou trois pots, des plus beaux sur l’escalier ; nous les emporterons là-bas, sans rien dire, et je crois que nous aurons un vrai succès !

Elles ne bougent pas, tentées, sûrement, mais craintives. Je m’empare de deux touffes de « sabots-de-Vénus » piquetés comme des œufs de mésange, et je fais signe que j’attends. Anaïs se décide à m’imiter, se charge de deux géraniums doubles, Marie imite Anaïs, Luce aussi, et toutes les quatre, nous marchons prudemment. Près de la porte la peur nous ressaisit, absurde, nous nous pressons comme des brebis dans l’ouverture étroite de la porte, et nous courons jusqu’à l’École, où Mademoiselle nous accueille avec des cris de joie. Toutes à la fois, nous racontons l’odyssée. La Di-