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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/310

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CLAUDINE À L’ÉCOLE

pas même blessant ; je comprends que les élèves de l’École se mettent au diapason. Anaïs permet toutes les libertés et soupire après les autres ; Féfed la descend de dessus l’échelle en la portant dans ses bras. Touchant, dit Zéro, lui fourre sous les jupes des branches de pin piquantes ; elle pousse des petits cris de souris prise dans une porte et ferme à demi des yeux pâmés, sans force pour même simuler une défense.

Mademoiselle nous laisse un peu reposer, de peur que nous ne soyons trop défraîchies pour le grand jour. Je ne sais pas d’ailleurs, ce qui resterait à faire, tout est fleuri, tout est en place ; les fleurs coupées trempent à la cave dans des seaux d’eau fraîche, on les sèmera un peu partout au dernier moment. Nos trois bouquets sont arrivés ce matin dans une grande caisse fragile ; Mademoiselle n’a pas voulu même qu’on la déclouât complètement, elle a enlevé une planche, soulevé un peu les papiers de soie qui enlinceulent les fleurs patriotiques, et la ouate d’où sortait une odeur mouillée : et tout de suite la mère Sergent a descendu à la cave la caisse légère où roulent des cailloux d’un sel que je ne connais pas, qui empêche les fleurs de se flétrir.

Soignant ses premiers sujets, la Directrice nous envoie, Anaïs, Marie, Luce et moi, nous reposer au jardin, sous les noisetiers. Affalées à l’ombre sur le banc vert, nous ne songeons pas à grand’chose ; le jardin bourdonne. Comme piquée par une