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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/309

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CLAUDINE À L’ÉCOLE

ailleurs qu’au jardin et à la cuisine, Mme Sergent s’efface complètement, ne paraît jamais en visite, ne donne pas son avis dans les discussions, et porte bravement le bonnet tuyauté.]

Le plus amusant, en ce peu d’heures qui nous reste, c’est d’arriver à l’École et de repartir à travers les rues méconnaissables, transformées en allées de forêt, en décors de parc, tout embaumées de l’odeur pénétrante des sapins coupés. On dirait que les bois qui cernent Montigny l’ont envahi, sont venus, presque, l’ensevelir… On n’aurait pas rêvé, pour cette petite ville perdue dans les arbres, une parure plus jolie, plus seyante… (je ne peux pourtant pas dire plus « adéquate », c’est un mot que j’ai en horreur.)

Les drapeaux, qui enlaidiront et banaliseront ces allées vertes, seront tous en place demain, et aussi les lanternes vénitiennes et les veilleuses de couleur. Tant pis !

On ne se gêne pas avec nous, les femmes et les gars nous appellent au passage : « Eh ! vous qui avez l’habitude, allons, venez nous ainder, un peu à piquer des roses !

On « ainde » volontiers, on grimpe aux échelles ; mes camarades se laissent — mon Dieu ! pour le ministre ! — chatouiller un peu la taille et quelquefois les mollets ; je dois dire que jamais on ne s’est permis ces facéties sur la fille du « Monsieur aux limaces. » Aussi bien, avec ces gars qui n’y songent plus la main tournée, c’est inoffensif et