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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/317

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CLAUDINE À L’ÉCOLE

sent maintenant, très intimidées de leurs belles toilettes et de leur frisure, roulant dans leurs mains gantées de fil blanc un beau mouchoir où leur mère a versé du « senti-bon ».

Ces demoiselles ne paraissent pas, mais, à l’étage supérieur, j’entends des petits pas courir… Dans la cour débouchent des nuages blancs, enrubannés de rose, de rouge, de vert et de bleu ; toujours et toujours plus nombreuses, les gamines arrivent, — silencieuses pour la plupart, parce que fort occupées à se toiser, à se comparer, et à pincer la bouche d’un air dédaigneux. On dirait un camp de Gauloises, ces chevelures flottantes, bouclées, crêpées, débordantes, presque toutes blondes… Une galopade dévale l’escalier, ce sont les pensionnaires, — troupeau toujours isolé et hostile — à qui les robes de communiantes servent encore ; derrière elles descend Luce, légère comme un angora blanc, gentille avec ses boucles molles et mobiles, son teint de rose fraîche. Ne lui faudrait-il, comme à sa sœur, qu’une passion heureuse pour l’embellir tout à fait ?

— Comme tu es belle, Claudine ! Et ta couronne n’est pas du tout pareille aux deux autres. Ah ! que tu es heureuse d’être si jolie !

— Mais, mon petit chat, sais-tu que je te trouve, toi, tout à fait amusante et désirable avec tes rubans verts ? Tu es vraiment un bien curieux petit animal ! Où est ta sœur et sa Mademoiselle ?

— Pas prêtes encore ; la robe d’Aimée s’attache