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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/329

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claudine à l’école

tres et se penche souriant, montrant ses crocs : « C’est toi ! Qu’est-ce que tu veux ? Mon cœur ? Je te le donne ! » Je pensais bien qu’il était déjà ivre.

— Non, Monsieur, j’aimerais bien mieux une chaise pour moi et d’autres pour mes camarades. On nous abandonne là toutes seules, avec les simples mortelles, c’est navrant.

— Ça crie justice, tout simplement ! Vous allez vous échelonner, assises sur les degrés, que les populations puissent au moins se rincer l’œil, pendant que nous les embêterons avec nos discours. Montez toutes !

On ne se le fait pas répéter. Anaïs, Marie et moi nous grimpons les premières, avec Luce, les Jaubert, les autres porte-bannières derrière nous, embarrassées de leurs lances qui s’accrochent, s’enchevêtrent, et qu’elles tirent rageusement, les dents serrées et les yeux en dessous, parce qu’elles pensent que la foule s’amuse d’elles. Un homme — le sacristain — les prend en pitié et rassemble complaisamment les petits drapeaux qu’il emporte ; bien sûr, les robes blanches, les fleurs, les bannières, ont donné à ce brave homme l’illusion qu’il assistait à une Fête-Dieu un peu plus laïque et, obéissant à une longue habitude, il nous enlève nos cierges, je veux dire nos drapeaux, à la fin de la cérémonie.

Installées et trônantes, nous regardons la foule à nos pieds et les écoles devant nous, ces écoles aujourd’hui charmantes sous les rideaux de ver-