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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/330

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dure, sous les fleurs, sous toute cette parure frissonnante qui dissimule leur aspect sec de casernes. Quant au vil peuple des camarades restées en bas debout, qui nous dévisage envieusement, se pousse du coude, et rit jaune, nous le dédaignons.

Sur l’estrade, on remue des chaises, on tousse, et nous nous détournons à demi pour voir l’orateur. C’est Dutertre, qui, debout au milieu, souple et agité, se prépare à parler, sans papier, les mains vides. Un silence profond s’établit. On entend, comme à la grand’messe, les pleurs aigus d’un mioche qui voudrait bien s’en aller, et, comme à la grand’messe, ça fait rire. Puis :

Monsieur le Ministre,

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il ne parle pas plus de deux minutes ; son discours adroit et brutal, plein de compliments grossiers, de rosseries subtiles (dont je n’ai compris que le quart, probablement) est terrible contre le député et gentil pour tout le reste des humains ; pour son glorieux Ministre et cher ami — ils ont dû faire de sales coups ensemble — pour ses chers concitoyens, pour l’institutrice, « si indiscutablement supérieure, Messieurs, que le nombre des brevets, des certificats d’études obtenus par les élèves, me dispense de tout autre éloge ». (Mlle Sergent, assise en bas modestement, baisse la tête sous son voile), pour nous-même, ma foi : « fleurs portant des fleurs, drapeau féminin, patriotique et sé-