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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/82

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claudine à l’école

Mlle Sergent se lève et dit :

« Fermez vos cahiers. Les grandes du brevet, restez, j’ai à vous parler. »

Les autres s’en vont, s’affublent de leurs capuchons et de leurs fichus avec lenteur, vexées de ne pas rester pour entendre le discours, évidemment formidable d’intérêt, qu’on va nous adresser. La rousse Directrice nous interpelle, et malgré moi j’admire, comme toujours, la netteté de sa voix, la décision et la précision de ses phrases.

— Mesdemoiselles je pense que vous ne vous faites pas d’illusions sur votre nullité en musique, toutes, sauf Mlle Claudine qui joue du piano et déchiffre couramment ; je vous ferais bien donner des leçons par elle, mais vous êtes trop indisciplinées pour obéir à une de vos compagnes. À partir de demain, vous viendrez le dimanche et le jeudi à neuf heures, vous exercer au solfège et au déchiffrage sous la direction de monsieur Rabastens, l’instituteur adjoint, puisque je ne suis pas, non plus que Mlle Lanthenay, en état de vous donner des leçons. Monsieur Rabastens sera assisté de Mlle Claudine. Tâchez de ne pas vous tenir trop mal. Et soyez ici à neuf heures, demain. »

J’ajoute à voix basse, un « Rompez ! » saisi par son oreille redoutable ; elle fronce les sourcils, pour sourire malgré elle, après. Son petit discours a été débité d’un ton si péremptoire qu’un salut militaire s’impose presque, elle s’en est aperçue. Mais vrai ! on dirait que je ne peux plus la fâcher ;