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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/92

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claudine à l’école

n’ai pas grande envie de rire, ensuite parce que si je batifolais trop pendant cette première leçon, Mlle Sergent supprimerait les autres. Et puis, je pense à Aimée. Elle ne descend donc pas ce matin ? Il y a seulement huit jours, elle n’aurait pas osé faire aussi tard la grasse matinée !

En songeant à tout cela, je distribue les deux parties, la première à Anaïs, aggravée de Marie Belhomme, l’autre aux pensionnaires. Pour moi, je viendrai au secours de celle qui faiblira le plus. Rabastens soutient la seconde.

Et nous exécutons le petit morceau à deux voix, moi à côté du bel Antonin qui barytonne des « ah ! ah ! » pleins d’expression en se penchant de mon côté. Nous devons former un petit groupe extrêmement risible. Ce Marseillais indécrottable est si préoccupé des grâces qu’il déploie qu’il commet fautes sur fautes, sans que, d’ailleurs, personne s’en aperçoive. Le chrysanthème distingué qu’il porte à son veston se détache et tombe ; — son morceau fini, il le ramasse et le jette sur la table, en disant, comme s’il réclamait des compliments pour lui-même : « Eh bien, ça n’a pas trop mal marché, il me semble ? »

Mlle Sergent souffle sur son emballement en répondant :

— Oui, mais laissez-les chanter seules, sans vous, sans Claudine, et vous verrez.

(Je parierais, à sa mine déconfite, qu’il avait oublié pourquoi il est ici. Ça va être encore quel-