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claudine à l’école

dit-il, de m’entendre et me prie de déchiffrer des choses fortement embêtantes, romances néfastes, ou airs à gargouillades dont les vocalises démodées lui paraissent le dernier mot de l’art. Par amour-propre, parce que Mlle Sergent est là, et Anaïs aussi, je chante de mon mieux : Di-amants de la Courônne, Fille du Régimint, etc. Et l’ineffable Antonin s’extasie ; il s’emberlificote dans des compliments tortueux, dans des phrases pleines d’embûches, dont je n’aurais garde de l’aider à se dépêtrer, trop heureuse de l’écouter, au contraire, avec des yeux attentifs et rivés aux siens. Je ne sais pas comment il aurait trouvé la fin d’une phrase bourrée d’incidentes, si Mlle Sergent ne se fût approchée : « Vous avez donné à ces demoiselles des morceaux d’étude pour la semaine ? »

Non, il n’a rien donné du tout. Il ne peut pas se mettre dans la tête qu’on ne l’a pas convoqué ici pour chanter à deux voix avec moi !

Mais que devient donc la petite Aimée ? Il faut que je sache. Donc, je renverse avec adresse un encrier sur la table en prenant soin de me tacher les doigts abondamment. Et je pousse un « ah ! » de désolation, avec tous mes doigts écartés en araignées. Mlle Sergent prend le temps de remarquer que je n’en fais jamais d’autres, et m’envoie me laver les mains à la pompe.

Une fois dehors, je m’essuie les mains à l’éponge du tableau noir pour ôter le plus gros, et je fouine, et je regarde dans tous les coins. Rien dans la