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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/96

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claudine à l’école

aller ce soir vous parler devant Mlle Sergent ?

Ah ! la la ! J’entends la porte de la classe qui s’ouvre ; on vient voir ce que je deviens. En deux bonds je suis loin du mur, et presque tout près de la pompe ; je me jette à genoux par terre, et quand la Directrice, accompagnée de Rabastens qui part, arrive près de moi, elle me voit en train de frotter énergiquement l’encre de mes mains avec du sable, « puisque ça ne s’en va pas avec de l’eau. »

Ça prend très bien.

— Laissez donc ça, dit Mlle Sergent, vous l’enlèverez chez vous à la pierre ponce.

Le bel Antonin m’adresse un « au revoir » à la fois joyeux et mélancolique. Je me suis relevée et lui envoie mon signe de tête le plus onduleux, qui fait rouler des boucles de cheveux mollement le long de mes joues. Derrière son dos, je ris ; gros hanneton marseillais, il croit déjà que c’est arrivé ! Je rentre dans la classe pour prendre mon capuchon, et je reviens chez nous, rêvassant à la conversation surprise derrière le petit mur.

Quel dommage que je n’aie pas pu entendre la fin de leur amoureux dialogue ! Aimée aura consenti, sans se faire prier, à recevoir ce Richelieu inflammable mais honnête, et il est capable de la demander en mariage. Qu’est-ce qu’elle a donc dans la peau, cette petite femme pas même régulièrement jolie ? Fraîche, c’est vrai, avec des yeux magnifiques ; mais enfin, il ne manque pas de beaux yeux dans de plus jolies figures, et celle-ci