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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/97

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claudine à l’école

tous les hommes la regardent ! Les maçons cessent de gâcher quand elle passe, en se faisant l’un à l’autre des yeux clignés et des claquements de langue (hier, j’en ai entendu un dire à son camarade en la désignant : « Vrai, je m’abonnerais bien à être puce dans son lit ! ») Les gars, dans les rues, font les farauds pour elle, et les vieux habitués du café de la Perle, ceux qui prennent le vermouth tous les soirs, causent entre eux avec intérêt, « d’une petite fille, institutrice à l’école, qui fait regipper comme une tarte aux fruits pas assez sucrée ». Maçons, petits rentiers, directrice, instituteur, tous alors ? Moi, elle m’intéresse un peu moins depuis que je la découvre si traîtresse, et je me sens toute vide, vide de ma tendresse, vide de mon gros chagrin du premier soir.

On démolit, on finit de démolir l’ancienne école ; pauvre vieille école ! On jette à bas le rez-de-chaussée, et nous assistons, curieusement, à la découverte que font les maçons, de murs doubles, des murs qu’on croyait pleins et épais, et qui sont creux comme des armoires, avec une espèce de corridor noir, où on ne trouve rien que de la poussière et une affreuse odeur, vieille et répugnante. Je me plais à terrifier Marie Belhomme en lui racontant que ces cachettes mystérieuses ont été ménagées au temps jadis pour y murer des