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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/115

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au soir de la pensée

De la radio-activité terrestre, je crois avoir offert de suffisantes indications. Il semble bien que nous tenions là une propriété générale de la matière, libérant surtout de l’hélium. Sir William Ramsay nous suggère un aboutissement de transmutation de métaux les uns dans les autres. Il convient d’attendre des confirmations. Les problèmes de la désintégration et de l’intégration de la matière n’en sont qu’à leur début. Il serait trop périlleux de vouloir les devancer. je m’en tiens, pour ma part, aux conclusions de M. Berget. « S’il y a décomposition ou désagrégation atomique, il doit forcément y avoir d’autre part une intégration compensatrice qui assure la pérennité. » Si rapides ont été les derniers bonds de notre connaissance que, dans la multiplication des hypothèses, il importe de laisser aux valeurs de contrôle le temps de s’exercer.

Ce qui me paraît du plus haut encouragement dans l’entreprise — à mi-côte de la sagesse et de l’extravagance — des déterminations de l’univers, c’est que nos moyens de vérification vont croissant, et que les confirmations de positivité en sont à dépasser l’espérance. Ne voilà-t-il pas qu’un savant anglais, M. H. Wilde, animé d’une confiance imperturbable dans ses théories du magnétisme terrestre, a pu, par le miracle d’une imagination puissamment ordonnée, construire de toutes pièces une magnéto-mappemonde qui reproduit automatiquement jusque dans leurs moindres détails les valeurs naturelles des éléments magnétiques aux divers points de la terre. « Ainsi, pour la première fois, écrit M. Berget, un phénomène naturel d’une complexité aussi grande que celle du magnétisme terrestre, a pu être reproduit dans tous ses détails, avec toutes les circonstances de ses variations dans le temps et dans l’espace. » Se peut-il concevoir une preuve plus décisive de notre juste connaissance que cette réalisation purement humaine d’un aspect du Cosmos conformément aux interprétations de l’humaine relativité ? On trouvera dans le livre de M. Berget la succession des essais du génial M. Wilde, procédant peu à peu d’une vue théorique aux savantes dispositions d’un mécanisme représentatif des mouvements cosmiques. C’est une succession d’émerveillements continus. Et quelle heureuse ordonnance d’efforts jusqu’au complet achèvement ! Qui a besoin d’encouragements trouvera dans cette aventure scientifique une source incomparable des plus hautes satisfactions.