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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/116

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l’évolution

Pour demeurer dans l’observation du soleil, il faudrait, après la lithosphère, aborder l’étude, non moins passionnante de l’hydrosphère et de ses mouvements. On n’y suffirait pas. Les eaux recouvrent les trois quarts de la superficie terrestre. Naturelle transition d’un reste de l’enveloppe liquide totale à l’océan global de l’atmosphère dont les mouvements vont se perdre dans les dilutions interastrales d’un substratum éventuel d’éther, pour un état de mouvements inconnus. Dans l’état liquide, le glissement des molécules se manifeste par les marées luni-solaires, selon l’ensemble de leurs complexités. Tout ce que je veux retenir des ondes cosmiques, signalées d’abord par Laplace, c’est que leurs effets conservent leurs caractères et se superposent au lieu de se composer. L’atmosphère est un océan gazeux qui se surajoute à l’autre. Nous y retrouverons les mêmes énergies universelles aux prises avec des conditions différentes de substance et de milieu. Ondes lumineuses, sonores, électriques, magnétiques, se propagent sans se contrarier. La constatation du phénomène est devenue banale aujourd’hui. Un milliard 300 millions de kilomètres cubes pour le volume des océans, 100 millions pour celui des continents émergés. Ce qui nous reste de stabilité continentale pour l’installation de nos infimes magnificences, si l’on en déduit les territoires inhabitables, ne laisse qu’un champ cosmiquement imperceptible aux radiations de nos orgueilleuses pensées.


L’évolution des astres.


Tout se meut. Il faut donc que tout évolue, c’est-à-dire se meuve, sans arrêt, dans une direction déterminée par des coordinations des moindres résistances, puisqu’un désordre de mouvements ne pourrait produire l’ordre infrangible dont le spectacle est sous nos yeux. Pour donner un commencement au monde, il a fallu le faire sortir du néant, comme si rien pouvait produire quelque chose, ou inventer le chaos, première création d’incohérence, d’où serait sortie la seconde création d’un Cosmos