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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/154

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l’évolution

nique, telle que peut l’atteindre notre observation. « Donc, conclut sir Norman Lockyer, si les diverses étoiles se comportent comme les diverses couches géologiques « en nous présentant une progression de formes nouvelles en une suite ordonnée », nous pouvons regarder les substances chimiques qui existent visiblement dans les étoiles les plus chaudes comme représentant les formes les plus anciennes ». Il nous faut bien recourir aux étoiles pour cette observation, puisqu’elles nous offrent des températures plus hautes que celles de nos laboratoires.

Que les étoiles nous présentent, de la plus chaude à la plus froide, une progression de formes nouvelles comme font les strates géologiques de la plus ancienne à la plus récente, il semble bien qu’on ne le peut contester. Aux différentes phases des mouvements d’évolution, les étoiles ont été classées selon une courbe des températures, jusqu’au refroidissement de la lune, de la terre, ou du satellite de Sirius. De phénomènes chimiques, c’est déjà un assez vaste enchaînement.

On n’attend pas de moi des descriptions de spectroscopie. Il me suffit de noter des résultats. Dans les étoiles les plus chaudes, il ne se rencontre qu’un très petit nombre d’éléments chimiques. Lorsqu’on passe des plus chaudes aux plus froides, le nombre des éléments chimiques va croissant, — substances connues ou à connaître, dont quelques-unes ont été postérieurement identifiées sur notre planète.

Aux températures les plus hautes, nous trouvons l’hydrogène par exemple, et quelques autres éléments sous des formes absentes de notre système. En suivant le cours des refroidissements, nous voyons apparaître de nouveaux éléments en des formes que reproduisent les hautes températures de nos laboratoires. Comment ne pas conclure que ces formes sont produites par l’abaissement de la température ? À chaque stade, avec l’apparition des formes nouvelles, des formes anciennes disparaissent. Sir Norman Lockyer n’a pas craint d’instituer des archives cosmologiques où les stades stellaires sont désignés selon les formes chimiques qui s’y révèlent, comme ont fait les géologues pour les formes organiques.

Ce qu’il faut constater, c’est que les éléments les plus simples apparaissent d’abord. Mais l’observation nous montre-t-elle des complexités ordonnées de formations chimiques dans la