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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/155

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au soir de la pensée

proportion où la température va s’abaissant ? Il y a une plus grande série de ces complexités pour quelques substances que pour d’autres, et cela n’est pas sans charger le tableau. « Nous n’en sommes pas moins, dit sir Norman Lockyer, en face des preuves d’une évolution réellement majestueuse en sa simplicité ». Ce n’est pas moi qui le contesterai.

Que l’hydrogène soit ou non le radical de toutes substances, nous nous trouvons conduits à penser que les éléments analysés dans nos laboratoires ne sont pas plus l’objet de créations particulières que les espèces selon Cuvier. Avec la décroissance de température emportant des réactions chimiques de toutes sortes, des complexités s’établissent dans l’ordre général des compositions d’énergies, comme en témoignent les plantes et les animaux.

Qu’on ne s’étonne donc pas si sir Norman Lockyer affirme que la vie, « reconnue comme résultant d’une évolution[1], a été, en quelque sorte, un appendice de l’œuvre d’une évolution inorganique réalisée d’une façon tout à fait différente »[2], disons même l’appendice inévitable de l’« évolution inorganique ». Il n’y aurait plus ainsi qu’une évolution générale des choses, où les deux ordres d’évolutions se rejoindraient.

S’il est définitivement établi que les divers spectres lumineux sont produits, non par différentes substances mais par des éléments de la même substance dissociée à des températures astrales, nous aurons obtenu un important point de départ. Ce sera même un pas décisif vers la conception d’une unité de substance répondant à une unité d’énergie. Identité des dynamismes de l’univers dans le cycle des universelles transformations.


L’évolution organique.


Comme nous l’avons vu, la question de l’évolution organique ne pouvait se poser dès la trouvaille des empreintes des phéno-

  1. Selon sir Norman Lockyer, la vie a commencé à une température de 40 à 50 degrés centigrades.
  2. Encore, ce mot n’indique-t-il que notre ignorance actuelle des conditions dans lesquelles les évolutions inorganiques et organiques se composent.