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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/426

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mais la certitude éclata lorsqu’il nous arriva de bon matin un beau régiment de ligne, le 14e avec le maréchal Ney à sa tête. On disait qu’il allait pour arrêter l’Empereur : « Ça n’est pas possible, me dis-je, l’homme que j’ai vu à Kowno prendre un fusil et avec cinq hommes arrêter les ennemis, ce maréchal que l’Empereur nommait son lion, ne peut mettre la main sur son souverain. » Cela me faisait frémir, j’étais aux écoutes, je n’arrêtais pas. Enfin, le maréchal se rend chez le préfet ; il fut fait une proclamation publiée dans toute la ville. Le commissaire de police bien escorté publiait que Bonaparte était revenu et que l’ordre du Gouvernement était de l’arrêter. Et à bas Bonaparte ! Vive le Roi ! Dieu ! comme je souffrais ! Mais ce beau 14e de ligne mit les shakos au bout des baïonnettes au cri de Vive l’Empereur ! Qu’aurait fait ce maréchal sans soldats ? Il fut contraint de fléchir.

Le soir, cette avant-garde arriva à l’hôtel de ville, mais pas comme elle était partie ; cocardes blanches le matin et cocardes tricolores le soir. Ils s’emparèrent de l’hôtel de ville, et aux flambeaux il fallut que le même commissaire se promenât pour faire une autre proclamation et crier à tue-tête : « Vive l’Empereur ! » Je puis dire que je me dilatais la rate.

Le lendemain, tout le peuple se porta sur la route de Saint-Bris pour voir arriver l’Empereur dans sa voiture, bien escorté. La boule de neige